mercredi 13 février 2013

Yannick Agnel annonce la couleur !


Agnel : «Les limites sont une invention de l’homme»


Entre deux journées d’entraînement, le géant (2,02 m), double champion olympique, est revenu sur son année folle et sur ses ambitions pour l’avenir.
Avec deux titres olympiques et deux titres européens en petit bassin, l’année 2012 vous a comblé. A-t-elle été plus belle que ce que vous espériez ?
Yannick Agnel : Oui, sans problème. Je me suis surpris régulièrement par mes résultats. En allant aux Jeux, je me disais que remporter une médaille, ce serait bien, un titre, ce serait vraiment super cool. Et au final, je repars avec deux médailles d’or (200 m, relais 4 × 100 m) et une médaille d’argent (relais 4 × 200 m). J’ai vécu une semaine de folie. C’est… pas inespéré, mais simplement génial.

Lequel de ces deux titres olympiques vous a-t-il le plus marqué ?
Au départ, je visais le 200 m, car cette course me tenait à cœur, une course que je maîtrise assez bien et que tout le monde attendait. J’avais vraiment envie de la gagner. Mais le 4 × 100 m, la veille, a été pour le coup inattendu, car on n’était pas favoris. Je ne connais toujours pas le temps qu’on a fait mais je me souviens, après avoir touché le mur, des visages de Clément (Lefert), Amaury (Leveaux) et Fabien (Gilot) qui exultaient. Le soir, avec Clément, qui était dans la même chambre que moi, on n’a pas dormi. On est rentrés tard au village et quand on s’est couchés, on a fermé les paupières mais ça explosait à l’intérieur. On avait l’impression que les lumières étaient allumées et que ça ne s’arrêterait jamais.

Ces deux titres olympiques ont-ils changé quelque chose dans votre vie ?
En moi, ça n’a rien changé, même si je suis très heureux d’être champion olympique. C’est un accomplissement pour un sportif de haut niveau. Après, dans mon environnement, les autres nageurs ont un regard un peu plus inquiet (sourire) et les gens m’arrêtent plus dans la rue. Les sollicitations, c’est plaisant, même si des fois, après un entraînement, on aimerait que ça ne dure pas trop longtemps. C’est important de redonner aux gens tout le soutien qu’ils nous ont apporté quand on n’était pas champion olympique. C’est un juste retour des choses. J’ai été à la place de ces gens et si j’avais croisé un champion olympique, j’aurais aimé qu’il me donne une bonne impression et me donne envie de réaliser mes rêves.

Vous dites être revenu à l’entraînement en septembre plus motivé que jamais. Comment avez-vous fait pour éviter la décompression post-JO ?
Il n’y a pas eu de décompression. En arrivant en septembre, le but de la reprise était la page blanche. Il ne fallait pas qu’on (il englobe Camille Muffat, sa partenaire de club, championne olympique du 400 m) se dise: «Maintenant que je suis champion olympique, je vais nager pour nager.» Il faut toujours avoir un objectif. Et c’est justement parce qu’on est champion olympique qu’on est encore plus motivé. Il y a bien d’autres défis à relever parce qu’aujourd’hui, on est arrivés à un niveau où on peut en profiter. Je n’ai par exemple jamais été champion du monde en grand bassin, j’aimerais l’être. J’aimerais glaner une médaille mondiale, voire plusieurs. Ce sera le gros objectif pour 2013 (les Mondiaux auront lieu du 28 juillet au 4 août à Barcelone).

La course aux records du monde peut-elle aussi être un défi pour vous ?
Ça peut en être un parmi tant d’autres, mais je pense qu’il ne faut pas courir après le chrono. Tout est imbriqué, la technique, l’envie, les chronos… Quand l’un des pions avance, tout suit. Je ne fais pas attention aux chronos, même si on y pense. À Angers (lors des championnats de France en petit bassin), j’ai battu le record du monde du 400 m alors que je ne m’y attendais absolument pas. Et c’est important de pouvoir se surprendre, de sentir qu’à notre niveau, alors qu’on est presque robotisés dans l’eau, on arrive encore à créer quelque chose d’incroyable. C’est bien d’effacer les limites. Je pense que les limites sont une invention de l’homme qui lui permet d’éviter d’accomplir quelque chose de manière sereine.

Votre statut de champion olympique vous confère-t-il un rôle différent en équipe de France, notamment après le départ de nageurs comme Alain Bernard ou Hugues Duboscq ?
Oui et non. À Chartres (lors des championnats d’Europe en petit bassin), c’était particulier, par exemple, car il y avait des nageurs de ma génération, ce qui n’était pas trop le cas aux Jeux. Je ne veux pas être le pilier de l’équipe, le meneur. Ce n’est pas un rôle qui me sied bien. Je ne le suis pas, simplement parce qu’il y a des gens qui sont plus âgés et plus expérimentés que moi, comme Camille (Muffat), par exemple. Pour eux, je suis encore jeune, je suis pratiquement le cadet de la sélection. Je fais mon chemin sans me poser ce genre de questions et je vois ce que ça donne (sourire).

Jusqu’à quel âge pensez-vous nager?
Pas très vieux. Je ne me vois pas nager jusqu’à 30 ans. Ce n’est pas tant la répétition de l’entraînement que l’envie de goûter à autre chose qui me fait dire ça. Je commence à bien connaître le milieu de la natation et il y a tellement d’autres choses à explorer en dehors. On peut ­faire des études, des voyages, travailler… Il serait dommage de se cantonner à l’univers de la natation, même si j’ai conscience que cela nous confère un statut particulier et que cela nous permet de voir et de faire des choses que la plupart des gens n’ont pas l’habitude d’expérimenter…

source : Le figaro

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