mercredi 31 juillet 2013

Les réactions de la troisième Journée


Yannick Agnel :

Comme aux JO, Yannick Agnel est resté le patron sur 200m, aux Championnats du monde. Mais son enthousiasme contrastait avec la froideur dégagée à Londres.


«Yannick Agnel, personne ne pouvait vous arrêter...
Pourtant, je me donnais peu de chances sur cette finale, c’est dire. Hier (lundi), je fais 1’47’’ (en demi-finales) en appuyant un petit peu, et je me dis : "attends ce n’est pas possible, la finale va vraiment être dure, les autres sont à 1’45’’". Et puis quelques minutes avant la course, avec Fernando (Canales, adjoint de son entraîneur Bob Bowman, ndlr), on s’est dit qu'il fallait le prendre à la cool, avec des ondes positives. Hier, j’avais les lunettes sur les yeux, j’étais sérieux, concentré, tendu. Là, je suis arrivé les lunettes sur le front, j’ai fait coucou à ma famille. Je suis vraiment surpris du résultat. Je me suis dit "vas-y, commence comme à Londres (en partant très vite) et tu verras bien comment ça va se passer". Le dernier 50 a piqué un peu, je me suis dit "pourvu qu’ils ne remontent pas". Mais j’ai vraiment kiffé cette course.

On vous a rarement vu si expressif.

Oui car c’était vraiment très intense, et vu les trois derniers jours que j’ai passés, ce n’était vraiment pas évident. Après l’échauffement, j’étais frigorifié, je n’arrivais pas à faire un bon temps. J’ai dit à Fernando : "écoute je vais aller prendre le soleil plutôt". Finalement, tout ça se passe dix fois mieux que ce que j’avais prévu. En plus, sur le podium, il y a Conor (Dwyer), mon partenaire d’entraînement. On s’était dit, on fait un et deux et après, on va s’éclater sur Paris ! Et aussi Danila (Izotov), un ami de longue date, avec qui j’ai nagé quelques longueurs il y a quelques années.
«Avec Fabrice (Pellerin), je souhaite qu'on puisse se serrer la main»

Au-delà du plaisir, que représente cette médaille ?

Un super point de lancement pour une nouvelle aventure. Est-ce que ça va fermer le clapet de certains ? Je ne suis pas du tout dans ce genre de polémique. Hier, Fernando m’a dit un truc qui m’a touché : «Forgive him, good vibes » (pardonne, ondes positives). Je suis là pour me régaler. Je suis tellement bien dans ma peau maintenant que même avec une médaille d’argent, ça n’aurait pas été un souci.

En terme d’émotions, où placez-vous cette victoire ?

Au niveau de Londres. C’est moins important comme titre mais vu tout ce qui s’est passé ces dernières semaines, c’était tellement inattendu, inespéré, même pour moi, que je suis vraiment ravi.

A qui dédiez-vous cette médaille d’or ?

A ma grand-mère, qui nous a quittés il y a quelques mois. Je pense fort à elle et je suis sûr qu’elle me voit d’où elle est.

Un mot sur Fabrice (Pellerin, son ancien entraîneur) ?

Oui, bien sûr. Des ondes positives. Je souhaite qu’on puisse se serrer la main, qu’on se souhaite bonne chance pour tout ce qui va se passer par la suite. Je vais regarder Camille (Muffat) et Charlotte (Bonnet, ses anciennes coéquipières à Nice) pour leur finale du 200m (mercredi). Tout est cool.»


Camille Muffat :

Camille Muffat s’est qualifiée pour la finale du 200m en signant le 4e temps des demi-finales, ce mardi à Barcelone (1’56’’28). Une manière de se rattraper après sa septième place sur 400m dimanche. « J’ai fait quelque erreurs, j’ai viré souvent loin du mur. J’ai perdu du temps sur des petites choses mais je me doutais que ça n’allait pas être difficile de passer en finale. En demies, on essaie de se mettre dedans. Je n’imagine pas encore la finale. Ça va être sans trop de favorites annoncées, pronostique la Niçoise. Très honnêtement, je ne pense pas qu’il y en ait une qui nage en dessous des 1’’53 comme l’année dernière. Je suis contente d’être avec Charlotte (Bonnet) avec qui je partage les entraînements. Je suis contente de partager sa première finale internationale. S’il s’agit d’une revanche sur le 400m ? On n’est pas là pour voir qui nage le mieux ou qui est le plus joli, c’est dans l’eau que ça se règle. Je n’ai rien à envier aux autres. »



Lionel Horter :

Lionel Horter, le DTN de la natation française, revient sur la magnifique victoire de Yannick Agnel en finale du 200m des Mondiaux de Barcelone. « Ce qui surprend, c’est la qualité de la course et le couronnement du titre de Yannick Agnel même s’il s’est passé pas mal de choses. Après, sur sa valeur pure et intrinsèque et la qualité de sa préparation et de son investissement, il s’est comporté comme le grand champion qu’il est », souligne Horter. Il dresse aussi le bilan de la finale du 100m dos, où Jérémy Stravius a pris la 3e place et Camille Lacourt la 5e. « C’est très satisfaisant. Ils se sont retrouvés ex-aequo il y a deux ans aux championnats du monde de Shanghai. La densité de cette finale a été impressionnante, souligne le DTN de la natation française. Camille finit 5emais à un demi-bras du premier. C’était très serré. En dos, c’est la loterie quand vous touchez le mur car vous ne voyez pas ce mur. Jérémy monte sur le podium très près du premier. En étant si près, on peut regretter qu’il n’ait pas la médaille d’or mais en même temps, il est tellement près du 5e ou du 6e. C’est une vraie satisfaction pour lui. »



Romain Barnier :

Entraîneur de l’équipe de France de natation, Romain Barnier s’avoue bluffé par la victoire écrasante de Yannick Agnel ce mardi en finale du 200m des Mondiaux de Barcelone. « Ah ça, je n’y crois pas, lance-t-il. Il en a parlé hier, il a dit : "Une finale de 200m, ça se gagne en s’écrasant dès le départ". Il n’était pas sûr que ça tienne. En se disant "je vais partir vite", je ne pense pas qu’il était sûr d’aller au bout de cette course-là. Il a fait ce qu’il fallait faire, avec sa personnalité. Quand vous êtes face à un athlète hors catégorie, hors classement, il est capable de faire ces choses-là. »

Jérémy Stravius :

Jérémy Stravius se satisfait de sa 3e place du 100m dos des Championnats du monde. Le Picard attend d'autres médailles de sa semaine catalane.

Les fantômes de 2012 sont balayés pour Jérémy Stravius. Le Picard aurait pu afficher sa déception après avoir terminé 3e du 100m dos, alors qu’il était tenant du titre (avec Camille Lacourt), l’un des gros favoris et que la finale s’est gagnée moins vite que deux ans plus tôt (52’’93 contre 52’’76). Mais Stravius était surtout soulagé de retrouver un podium international, un an après avoir seulement fait deux apparitions en séries des relais 4x100m et 4x200m aux JO : «J’étais super content quand j’ai vu que j’étais sur le podium, l’objectif est atteint. J’ai donné le max, je n’ai rien à regretter, j’ai pris un plaisir énorme, c’était le kif total avec le public. Je suis bien content d’en avoir chié pendant des mois et des mois, et même depuis des années pour en arriver là, même si c’est un moment aussi court.»

Preuve de ce manque de confiance, malgré son rôle déterminant dans le titre mondial du 4x100mdimanche, Stravius a encore dû être reboosté par son entraîneur, Michel Chrétien, avant la finale. Cette médaille devrait le libérer pour la finale du 50m dos, prévue dimanche : «Sur le premier 50m, je crois que j’ai un coup de bras en trop, donc j’arrive sur le mauvais bras, et j’étais loin du mur, je fais une grosse erreur au virage. Au moins, sur 50m dos, il n’y aura pas de virage...» D’ici là, Stravius aura aussi nagé le 200m 4 nages, épreuve bonus qu’il explore au niveau mondial, et participé au relais 4x200m, médaillé d’argent aux Mondiaux 2011 et aux JO 2012. D’autres sourires sont attendus.


Camille Lacourt :

Une préparation raccourcie n'a pas permis à Camille Lacourt de se mêler à la bataille pour le podium du 100m dos des Championnats du monde. Mais le Marseillais espère encore une médaille sur 50m dos.


Unis dans la victoire il y a deux ans, Jérémy Stravius et Camille Lacourt l’étaient aussi dans l’attitude mardi soir, après la finale du 100m dos. Les deux nageurs ont atteint leur objectif minimal, Stravius en montant sur le podium (3e en 53’’21), Lacourt en se classant 5e (en 53’’51).  Le Marseillais repart les mains vides de l’épreuve l’ayant révélé au monde entier en 2010, quand il avait terminé à 17 centièmes seulement du record du monde de Peirsol (51’’94).

Mais cette place d’honneur n’a pas du tout le même goût que la 4e place des JO, concédée douze mois plus tôt. «Je suis un peu déçu mais j’ai tout donné. J’ai nagé avec mes tripes, mon cœur, estime Lacourt. L’an dernier, je n’étais pas forcément dans cet état d’esprit, je voulais absolument gagner. Je n’avais pas pris autant de plaisir, la déception était plus grande
«Après les Jeux, je n'avais plus du tout envie de nager»Lacourt est conscient qu’il ne pouvait pas espérer plus, après s’être octroyé des vacances jusqu’en janvier : «Je ne regrette pas du tout mes quatre mois de pause car c’était indispensable. Après les Jeux, je n’avais plus du tout envie de nager. Je vais rester debout, ce n’est que de la piscine. Et je serai là aussi ce week-end. Je vais juste essayer de bien récupérer pour faire un super 50m dos (séries et demi-finales samedi, finale dimanche). Il y a moyen de faire une belle course et je garde cet objectif de podium.» Pour que satisfaction rime avec moisson.

source : RMC Sport, l'equipe.fr

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