lundi 29 juillet 2013

Toutes les réactions de la premières journée des Mondiaux de natation



Camille Muffat :

Seulement 7e du 400m dimanche à Barcelone, alors qu'elle détient le titre olympique, Camille Muffat a analysé avec lucidité et dignité son échec.

«Camille Muffat, que s’est-il passé ?
Je ne suis jamais rentrée dedans, il a suffi d’un moment d’égarement. Habituellement, je ne me fie qu’à moi-même, je ne regarde pas ce qui se passe. Et là, dès le début, j’ai peut-être regardé un peu trop. Je savais que l’autre (Ledecky, vainqueur en 3’59’’82) partirait très vite, je m’y attendais, mais ce sont des configurations de courses que je n’ai pas l’habitude d’avoir. Ca m’énerve car cela ne reflète pas du tout les performances que je devrais avoir, l’année que j’ai eue, l’entraînement et ce que je vaux aujourd’hui. Je m’en veux vraiment pour ça. Aujourd’hui, j’ai été une gamine qui a eu peur.

Jusqu’aux 100m, vous étiez dans le coup.
Oui, la forme est là. J’aurais pu faire un bon 400m. Je ne me l’explique pas vraiment. Je ne sais pas tellement à quel moment ça a basculé, je n’ai pas envie de m’attarder sur ce 400m, qui était nul, qui ne reflète rien du tout. Je n’ai pas grand-chose pour ma défense. Ce n’était pas ce que je voulais montrer de moi. Je n’ai pas envie que ce soit ce qui reste.

Vous étiez déjà passée à côté d’un 400m comme cela ?
Oui, je pense, sauf qu’aujourd’hui je suis championne olympique et que c’est une finale de Championnat du monde. Je ne suis pas censée avoir droit à ce genre d’erreur. Je me souviens d’un 400m sur des Championnats de France, où Fabrice (Pellerin, son entraîneur) m’avait dit ‘’tu t’es pissée dessus’’ car j’avais laissé Coralie (Balmy) partir alors que j’aurais pu faire bien mieux. C’est un peu ça qui s’est passé. Il a suffi d’un doute, à un moment donné, pour que tout bascule et que la championne, que j’avais pensé être, et que je pense toujours être, se fasse toute petite.
«Je ne veux pas que ce 400m reste dans les annales»

Comprenez-vous ce qui vous est arrivé ?
Ce n’est pas explicable, c’est simplement une très mauvaise course. 4’01’’ était à ma portée, 3’59’’ je ne pense pas.

Etiez-vous vraiment focalisée sur votre compétition ?
Oui, bien sûr. Une veille de Championnat du monde, quoi qu’il ait pu se dire un peu partout, je n’en ai pas parlé avec les intéressés, que ce soit Yannick (Agnel, son ancien coéquipier), Fabrice, Sophie (Kamou, son agent). Je n’ai pas lu ce qui se disait, malgré que je voie sur Facebook quelques trucs apparaître. Je considère que s’il y a quelque chose à régler, ça se fera après. De toute façon, quoi que je fasse dans l’eau, ce sera de ma faute ou pas, ou bénéfique à moi si ça marche.

Avez-vous les nerfs ?
Oui mais simplement contre moi-même.

Un rebond est-il possible sur 200m ?
Oui, j’ai vraiment envie que ce soit ça qui reste. J’ai fait tellement de bons JO l’année dernière, puis une belle année en ayant confiance, je ne veux pas que ce 400m reste dans les annales.»

Jérémy Stravius : 

Titularisé pour la première fois au niveau mondial en finale du 4x100m, Jérémy Stravius a offert la victoire à son équipe au terme d'un 100m époustouflant.
Première course et première médaille, en or, pour Jérémy Stravius. Le Picard, qui devrait nager tous les jours à Barcelone, a parfaitement lancé sa semaine, qui le verra encore s’aligner sur trois épreuves individuelles (50 et 100m dos, 200m 4 nages) et deux relais (4x200m et 4x100m 4 nages). Et Stravius a joué un rôle décisif dans cette victoire. Parti quatrième, après les performances de Yannick Agnel, Florent Manaudou et Fabien Gilot, il a connu la joie de passer devant les Australiens, les Russes et enfin les Américains, pour toucher en premier.

«C'était magique, et encore le mot est faible, s’exclame Stravius, impatient d’aller étreindre Mélanie Henique, sa copine d’entraînement. Dans les 15 derniers mètres, je ne respire pas, je vois qu'on est tous sur la même ligne. Je me dis "t'emballe pas, ça va le faire, tu es le meilleur dans les 15 derniers mètres". Je touche, j'attends, peut-être 2 secondes, avant que les trois potes explosent de joie
«Etre derrière et toucher devant, j'en avais rêvé»Comme à son habitude, le Picard insiste sur l’esprit collectif du groupe français : «Un relais, ce ne sont pas des performances individuelles qu'on met les unes après les autres, c’est l'esprit d'une équipe, la force d'une équipe. L'équipe de France est là-dessus la meilleure.» Le nageur de Michel Chrétien a assumé la responsabilité de partir en dernier : «J'avais le choix, j'ai donné ma préférence à Michel, le staff m’a écouté. Etre derrière et toucher devant, j’en avais rêvé. La sieste a été compliquée cet après-midi.»

 Champion olympique l’été dernier, mais en étant seulement aligné en séries, Stravius a encore plus savouré ce titre : «A Londres, j'ai chanté la Marseillaise avec eux, j'ai vécu le relais avec eux. Mais c'est vrai qu'il manquait la nage, la pression d'une finale. C'était un truc qui m'avait manqué et que j'ai retrouvé avec plaisir cette année.» Cette belle course (47’’59 lancés) est de bon augure pour ses prochaines épreuves : «Je me dis que je suis en forme pour le 100m dos (son principal objectif), qui commence demain. Mon dos est bien à l'entraînement, je retrouve beaucoup de sensations.» Les Américains n’ont peut-être pas encore tout vu.

Fabien Gilot :

Au repos forcé jusqu'en janvier, en raison de deux opérations, Fabien Gilot a réalisé le meilleur temps de la finale du 4x100m, pour compléter son incroyable collection de médailles
Dans les résumés diffusés à la TV, ce n’est pas Fabien Gilot qui a l’honneur de propulser le relais 4x100m français en tête. Mais dans l’eau, le Marseillais a joué un rôle essentiel. Troisième relayeur, Gilot s’est élancé avec un retard de 94 centièmes sur les Etats-Unis, alors leaders. Cent mètres plus loin, et un chrono ultra-rapide de 46’’90 (soit environ 47’’60 - 47’’70 au start), le plus rapide de tous les finalistes, le handicap n’était plus que de 40 centièmes (Ervin a nagé en 47’’44). Et Jérémy Stravius pouvait conclure.

Seul Français présent sur tous les podiums planétaires du 4x100m depuis 2003, déjà à Barcelone, Gilot décroche ainsi sa septième médaille (5 aux Mondiaux, 2 aux JO) et son deuxième titre. «Barcelone tous les dix ans… Dans dix ans, je ne serai pas là, s’amuse le Nordiste. Vingt ans de carrière, ça fait un peu long
«Ce 4x100m, je l'ai dans la peau»Gilot est d’autant plus heureux qu’il a n’a repris l’entraînement qu’en janvier, après deux opérations à l’automne (épaule puis appendicite) : «Cette saison, je reviens de loin. Mais ce 4x100m, je l’ai dans la peau. A chaque finale de ce relais, je montre mon cœur. J’ai repris de la force sur mon épaule, j’ai pu me coller à Morozov (le Russe, qui a réalisé 47’’40) les premiers quarante mètres, puis l’embêter. Dans une carrière, il y a des moments où vous affrontez de gros challenges.»

Et les prochains s’annoncent relevés puisque le relais français ne pourra plus échapper à l'étiquette de favori: «Ce relais a de belles années jusqu’à Rio (pour les JO 2016), même si cette année on gagne encore pour trois dixièmes et que la prochaine fois on perdra peut-être pour quelques centièmes. C’est la magie du 4x100m et cette pression particulière

Yannick Agnel : 

Héros du titre olympique du 4x100m il y a douze mois, Yannick Agnel a joué un rôle plus modeste dans la conquête de ce premier titre mondial. Une réussite qu'il attribue à l'esprit d'équipe qui règne au sein du collectif français
«Premier relayeur, tu le vis un peu moins bien que quand t’es dernier relayeur, ça pique. Et sur le dernier 100m de Jérémy, c’était complètement dingue.» A un an d’intervalle, Yannick Agnel a connu deux grandes émotions avec le relais 4x100m, mais dans des configurations différentes. Alors qu’il avait eu le beau rôle à Londres, en étant celui qui offre le titre à la France, il s’est élancé en premier cette fois-ci. Avec à l’arrivée un temps modeste pour lui (48’’76, pour un record à 47’’84) et une 7e place, mais sans perdre trop de terrain sur l’Américain Adrian (47’’95), l’Australien Magnussen (48’’00) et le Russe Grechin (48’’09).

Premier relayeur, Agnel a eu ensuite le temps d’apprécier la remontée de ses partenaires, pour une première victoire historique lors de Championnats du monde. «C’était une course avec une configuration tellement différente, avec une saison tellement différente derrière, que rien n’était certain, affirme l’ancien nageur de Fabrice Pellerin, exilé à Baltimore avec Bob Bowman. La configuration était différente car les autres le savaient et ça aurait été une erreur de compter sur la même chose une deuxième fois. Il n’y avait personne pour véritablement lancer le relais et quand on a proposé l’ordre d’un point de vue général, il y a eu un gros consensus. Ca a joué aussi
«On a trouvé le bon filon»Mis au repos pour les séries du matin, Agnel aurait pu ne pas être aligné en finale : «S’il y avait meilleur que moi, je laissais ma place. J’ai dit pas de problème, c’est à double tranchant mais je suis là pour l’équipe.» Une équipe dont il loue l’esprit : «On était encore dans l’esprit des Jeux, décontractés juste avant la course. On s’est dit, on y va, on se fait plaisir, sans se prendre la tête. C’est ce qui nous réussit. On a trouvé le bon filon et on va essayer de l’exploiter au maximum

Florent Manaudou :Florent Manaudou est devenu champion du monde dès sa première course avec le relais 4x100m. Pour le Marseillais, l'aventure ne fait que commencer

Avec Florent Manaudou, les choses sont simples. Et rapides. Champion olympique dès sa première finale internationale sur 50m, le Marseillais a connu la même réussite avec le relais 4x100m, qu’il intégrait pour la première fois. Sur une distance qu’il apprivoise à peine, Manaudou a nagé en 47’’93, perdant peu de terrain sur les spécialistes qu’il affrontait, l’Américain Lochte (47’’80), le Russe Lobintsev  (47’’91) et l’Australien McEvoy (47’’44).

«C’était un 100m assez bizarre, commente le surdoué. Je relance les 20 derniers mètres alors que d’habitude, c’est là ou je peine un petit peu. Je sens que je remonte sur le Russe à ce moment-là. Derrière, Fab (Gilot) fait un très gros relais et Jérémy (Stravius), qui a vraiment beaucoup nagé cette année, fait un dernier 15m énorme et arrive à nous faire gagner cette médaille.»

Manaudou a su apporter sa fraîcheur et sa décontraction à un collectif longtemps rongé par la pression, avant le titre olympique de l'an dernier : «Dans la chambre d’appel, on s’est dit qu’on n’était pas les favoris, qu’on avait zéro pression. La décontraction, c’est ce qui m’avait permis de gagner aux Jeux, pour le relais c’est pareil. A l’arrivée, on s’est sautés dans les bras, il n’y avait pas besoin de mots

Romain Barnier : 


Romain Barnier, l'entraîneur du Cercle des Nageurs Marseillais est fier de la prestation du relais 4 x 100 m, sacré champion du monde ce dimanche aux Mondiaux à Barcelone. « C’est beau de doubler ce titre de champion du monde avec les Jeux Olympiques de Londres en 2012. Nous nous sommes ressoudés avec notre savoir-faire. Nous sommes allés chercher ce titre dans un contexte extraordinaire, salue l'entraîneur en chef de la natation tricolore. Je pense que nous n’étions pas les plus forts. Le relais est allé chercher la meilleure performance du moment. Fabien Gilot (46''90) sort le meilleur temps de la finale et il est champion du monde. Il va savourer. Jérémy Stravius va aussi sortir grandi. Il avait le poids d’une nation sur les épaules. »

Francis Luyce : 


Francis Luyce, le président de la Fédération Française de Natation est un homme heureux. Le relais 4 x 100 m est sacré champion du monde ! « C’est fabuleux. Il fallait y croire. On y a cru. Tout le monde est heureux. Il faut avoir une pensée aux garçons (Yannick Agnel, Fabien Gilot, Florent Manaudou et Jérémy Stravius). Je vis des moments fabuleux avec des nageurs exceptionnels, jubile Francis Luyce. Nous sommes sur la route de Rio 2016. Nous nous sommes tous concertés avec les nageurs et Lionel Horter. L’équipe de France est à son meilleur niveua. Ils ont été excitants et conquérants. »


Lionel Horter :


Lionel Horter, le Directeur technique national, est revenu sur la défaillance de Camille Muffat, seulement 7eme de la finale du 400 m ce dimanche. «C’est une déception pour elle d’abord. Maintenant, la course de Ledecky est énorme. Elle a failli battre le record du monde qui a été établi en combinaison. Camille n’a jamais nagé au niveau de son chrono. Sur son potentiel connu, elle ne pouvait pas gagner. Ensuite, c’est vrai que pour la médaille, elle n’a plus l’habitude de nager dans ces conditions-là, quand elle est derrière. En plaisantant, je lui ai proposé d’aller faire des compétitions avec les hommes. Ça l’a surpris et, je crois, déstabilisé de se retrouver derrière. On va tous être autour d’elle car je pense qu’elle est la plus déçue et elle a encore des courses derrière», a-t-il déclaré.

source : eurosport, Rmc sport, l'équipe, sport24

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